Les cotations de ski-alpinisme

 

La cotation des courses décrites comporte deux composantes :

-         une composante « ski » qui ne tient compte que de la pente.

-         Une composante globale qui tient compte de l’engagement, de l’exposition (en cas de chute),…

 

Pour la composante ski j’utilise l’échelle classique suivante :

-         S1 : routes

-         S2 : vallonnements

-         S3 : pentes larges jusqu’à 35° environ

-         S4 : jusqu’à 45° si l’exposition n’est pas trop forte, 35/40° pour certains passages étroits

-         S5 : à partir de 45° et jusqu’à 55° dans les couloirs peu exposés, 40/50° si l’exposition est importante

-         S6 : dès 50° par forte exposition, sinon à partir de 55°

-         S7 : plus de 60°, ou saut de barres

 

Pour la difficulté globale, j’utilise l’échelle classique alpine :

-         F : Facile

-         PD : Peu Difficile

-         AD : Assez Difficile

-         D : Difficile

-         TD : Très Difficile

-         ED : Extrêmement Difficile

 

En principe, une course cotée F ne dépasse pas S2, une PD le S3, … et une ED le S7…

Les subdivisions – (inférieur) et + (supérieurs) sont utilisés à partir du niveau PD.

Le ski de pente raide et le ski extrême commencent à partir de la cotation D. L’estimation de la pente est sujette à une marge d’incertitude d’environ 3 à 4 degrés à cause par exemple de l’enneigement qui peut modifier très localement la pente.

 

L’exposition (en cas de chute) est également un paramètre-clef qui détermine la difficulté globale de la course. Volodia Shahshahani propose une échelle d’exposition en quatre niveaux :

 

-         Exposition 1 : en cas de chute, il n’y a pas normalement d’obstacles susceptibles de blesser grièvement le skieur. Le risque de blessure provient du couple pente et dureté de la neige. Ce niveau 1 correspond à la situation courante que l’on rencontre sur la plupart des pistes de ski balisées (et ouvertes…).

-         Exposition 2 : en cas de chute, le risque est de sauter une barre rocheuse de faible hauteur, ou de percuter des rochers. Il peut en résulter de graves blessures.

-         Exposition 3 : en cas de chute, le skieur risque de passer par dessus des falaises importantes. La mort n’est pas certaine.

-         Exposition 4 : en cas de chute la mort est certaine pour le skieur.

 

 

D’autres ingrédients contribuent à la difficulté de la course :

 

-         La qualité de la neige. La difficulté d’une course est donnée pour une neige transformée. Si la neige est dure, croûtée, ou poudreuse à souhait, la difficulté de la course peut être en réalité augmentée ou diminuée.

-         L’engagement physique de la course, qui fait qu’en haute altitude ou qu’après une longue montée le skieur est moins fringant pour effectuer les gestes techniques durant la descente.

-         La luminosité. Il est en général plus impressionnant d’aborder une pente raide à l’ombre qu’au soleil !

 

Tous ces paramètres sont intégrés dans la difficulté globale de la course. Il est toutefois difficile de préciser systématiquement leur influence quantitative sur la cotation. C’est en général l’expérience du skieur qui permet d’apprécier la difficulté globale.

 

Dans ses Toponeige Volodia Shahshahani a créé une cotation ski en cinq niveaux :

 

-         Ski 1 : niveau initiation, les pentes n’excèdent pas 30°, passages larges

-         Ski 2 : peu de difficultés techniques, pas de pentes raides (35°) au maximum

-         Ski 3 : entrée dans le ski-alpinisme, passages techniques, pentes longues à 35°, passages courts à 40-45°

-         Ski 4 : entrée dans le ski de pente raide ou le ski de couloir, 40° très long avec parfois des passages jusqu’à 40°

-         Ski 5 : Ski de pentes très raides, à partir de 45-50° très long, sinon à partir de 50° significatif.

 

Les 4 premiers degrés comportent 3 subdivisions (1.1<1.2<1.3<2.1<2.2<…<4.1<4.2<4.3) et le cinquième degré est ouvert vers le haut à l’instar des cotations en escalade… Dans les Toponeige parus actuellement, la cotation maximum est 5.5 pour la Tête des Ombres (2226m) dans le massif du Dévoluy… Quelques exemples de courses sont données dans le tableau suivant :

 

 

Cotation Shahshahani

difficulté ski / exposition / difficulté alpinisme à la montée

Cotation classique (échelle classique alpine)

Grand Rocher (1928m), Belledonne

1.2 / E1 / F

F

Pic Blanc du Galibier (2955m) par le versant SE, Aiguilles d’Arves

2.2 / E1 / F

PD

Le Grand Veymont (2341m) par la voie normale de Gresse, Vercors

3.3 / E2 / F

AD

Brèche de Philippe (2906m), versant N, Sud-Ecrins

4.2 / E2 / PD

D/D+

Col du Casset par le couloir Davin (3265m), Ecrins secteur Pelvoux

4.3 / E2 / AD-

TD-

Couloir de Barre Noire à la Brèche des Ecrins (3661m), Ecrins secteur Pelvoux

5.2 / E2 / AD+

TD

Couloir Gravelotte à la Meije, Ecrins secteur Oisans

5.4

ED

Tête des Ombres (2226m), Dévoluy

5.5 / E3 / D

ED+ ?

 

 

Il n’y a pas d’équivalence stricte entre les deux définitions vu que la cotation classique tient compte de l’exposition alors que la cotation Shahshahani sépare l’exposition de la difficulté ski.

 

Comme les cotations peuvent se multiplier à l’infini, l’idée nous est venue à Laurent et moi d’introduire la cotation boule qui représente la difficulté à skis pour passer dans certains cônes de déjection d’avalanches… Les 4 niveaux de difficultés croissante B1 à B4 sont exposés dans le tableau suivant :

 

 

Diamètre des boules de 0 à 10 cm

Diamètre des boules de 10 à 20 cm

Diamètre des boules de 20 cm à 1 m

Diamètre des boules supérieur à 1m

Pente comprise entre 0 et 20°

B1

B1

B2

B3

Pente comprise entre 20° et 35°

B1

B2/B3

B3

B4

Pente supérieure à 35°

B2

B3

B3

B4

 

 

 


Le niveau B4 est clairement inskiable.

Comme le suggère Lionel Allemand la dureté de la neige peut rendre également la pente plus ou moins skiable. Par exemple des boules complètement molles de 30cm dans une pente à 30° peuvent être correctement skiables. Les cotations indiquées dans le tableau ci-dessus s’entendent donc par neige de dureté moyenne (on enfonce un deux doigts). Si la neige est bien plus molle (resp. bien plus dure) on peut décoter (resp. sur-coter) d’une subdivision la difficulté.
D'éventuelles goulottes contribuent à corser la difficulté. On pourra utiliser les classiques subdivisions + et -.

Quelques courses pour illustrer :


Pic E au Combeynot au 27/05/01 : B1
Couloir Davin  au 20/05/01 : B1+
Descente du glacier blanc  au 12/05/01 : B2-
Cabane de Chargès  au 20/01/01 : B3

Toutes remarques et suggestions bienvenues....

 

 

 

 

Quelques mots sur le découpage par massifs

 

J’ai choisi un découpage par ensembles qui se composent à la fois d’un découpage par massifs et par bassins versants. Il en découle forcément des incompatibilités (recoupements ou trous) qui ont été examinés au cas par cas.

 

Commençons par la limite entre les Alpes du Nord et du Sud : il s’agit de la RN532 de Voreppe à Grenoble, de la RN91 de Grenoble à Briançon et de la RN 94 de Briançon à Montgenèvre. Cette définition place le Moucherotte et la Meije dans les Alpes du Sud, et l’Alpe d’Huez et le col du Granon dans les Alpes du Nord. Cela peut prêter à ambiguïté puisque le Moucherotte est plus au Nord que l’Alpe d’Huez et le col du Granon est plus au sud que la Meije. Mais bon, cette définition a le mérite d’exister et d’être plus en accord avec les massifs qu’une ligne droite imaginaire.

 

 

Mercantour : correspond au bassin versant du Var (et donc implicitement de ses affluents Tinée et Vésubie pour les plus importants). Cet ensemble comprend une partie du Parc National du Mercantour. Son point culminant est la cime du Gélas (3143m).

 

Haut-Verdon et préalpes de Digne : correspond au bassin versant du Verdon, de la Bléone, de la Blanche et de tous les affluents rive gauche de la Durance entre la vallée de la Blanche et celle de la Bléone. Une petite partie du Parc National du Mercantour est située dans cet ensemble. Son point culminant est le Mont Pelat (3051m).

 

Ubaye et Parpaye : il s’agit de la réunion du bassin versant de l’Ubaye et du massif de la Parpaye situé à l’intérieur du périmètre Barcelonnette, col de Vars, Guillestre, Embrun, lac de Serre-Ponçon, Barcelonnette. Une partie du Parc National du Mercantour se situe dans cet ensemble. Son point culminant est l’Aiguille de Chambeyron (3412m).

 

Dévoluy : ensemble situé dans le périmètre La Mure, Corps, Gap, Veynes, col de la Croix Haute, Mens, La Mure. Son point culminant est la Grande Tête de l’Obiou (2789m).

 

Vercors : ensemble situé dans le périmètre Grenoble, Vif, Monestier-de-Clermont, col de la Croix Haute, Aspres sur Buësch, col de Cabre, Die, Crest, Romans-sur-Isère, Grenoble. Le Parc Naturel Régional du Vercors est inclus dans cet ensemble. Son point culminant est le Grand Veymont (2341m).

 

Ecrins secteur Oisans : la définition géographique de l’Oisans est le bassin versant de la Romanche (et implicitement de ses affluents). Cette définition est trop complexe pour être intégrée dans un découpage par massifs classique car elle empiète sur Belledonne, Grandes Rousses, Taillefer , Aiguille d’Arves. J’ai donc choisi d’appeler Ecrins secteur Oisans l’intersection entre l’Oisans et les Alpes du Sud, avec la réunion avec le massif du Taillefer situé dans le périmètre Bourg-d’Oisans, col d’Ornon, La Mure, Laffrey, Champ-sur-Drac, Bourg-d’Oisans. Une partie du Parc National des Ecrins se situe dans cet ensemble. Son point culminant est le Pic Lory (4088m), la Barre des Ecrins (4102m) n’étant pas sur le nœud orographique.

 

Ecrins secteur Pelvoux : réunion du bassin versant du torrent la Gyronde (vallée de la Vallouise), de la rive droite du bassin versant de la Guisane, et du bassin versant rive droite du secteur de la Durance entre les confluences Durance-Guisane  et Durance-torrent de la Gyronde. Pour être rigoureux dans le découpage, il faut aussi rajouter une petite section du bassin versant rive gauche de la Guisane, sans aller au nord de la route qui va du col du Lautaret à Briançon. Une partie du Parc National des Ecrins se situe dans cet ensemble. Son point culminant est la Barre des Ecrins (4102m).

 

Sud-Ecrins : il s’agit de l’ensemble situé dans le périmètre Gap, Briançon, col du Lautaret, Champ-sur-Drac, La Mure, Gap auquel j’ai retiré Ecrins secteur Oisans et Pelvoux précédemment définis. Une partie du Parc National des Ecrins se situe dans cet ensemble. Son point culminant est les Bans (3669m).

 

Queyras : massif situé dans le périmètre Col de Montgenèvre, Briançon, Guillestre, col de Vars, arête reliant le col de Vars au col Agnel (Pics de la Font Sancte, Tête du Longet), frontière avec l’Italie depuis le col Agnel jusqu’au col de Montgenèvre. Le Parc Naturel Régional du Queyras est inclus dans cet ensemble. Son point culminant est le Pic Nord de la Font Sancte (3385m).

 

Belledonne : massif situé dans le périmètre Grenoble, Champ-sur-Drac, Rochetaillée, col du Glandon, La Chambre en Maurienne, Aiton, Montmélian, Grenoble. Son sommet est le Grand Pic de Belledonne (2977m).

 

Chartreuse : massif situé dans le périmètre Grenoble, Pontcharra, Chambéry, Saint-Laurent-du-Pont, Voiron, Grenoble. Le Parc Naturel Régional de la Chartreuse est inclus dans cet ensemble. Son point culminant est Chamechaude (2082m).

 

Bauges : massif situé dans le périmètre Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy, Faverges, Ugine, Albertville, Chambéry. Le Parc Naturel Régional de des Bauges est inclus dans cet ensemble. Son point culminant est la Pointe d’Arcalod (2217m).

 

Grandes Rousses et Aiguilles d’Arves : massifs situés dans le périmètre le Bourg-d’Oisans, col du Glandon, La Chambre en Maurienne, Saint-Michel de Maurienne, col du Galibier, col du Lautaret, La Grave, le Bourg-d’Oisans. Son point culminant est les Aiguilles d’Arves (3514m).

 

Thabor, Cerces et Scolette : ensemble de massifs situés dans le périmètre Briançon, col du Lautaret, col du Galibier, Saint-Michel de Maurienne, Lanslebourg-Mont-Cenis, col du Mont Cenis, Suse, Cesene Torinese, col de Montgenèvre, Briançon. Cet ensemble empiète sur le territoire italien. Son point culminant est l’Aiguille de Scolette (3508m).

 

Vanoise : vaste ensemble limité à l’est par la frontière avec l’Italie entre le col du Mont Cenis et le col du Petit Saint Bernard et à l’ouest par le parcours col du Petit Saint Bernard, Bourg-Saint-Maurice, Albertville, Aiton, Saint-Jean-de-Maurienne, Lanslebourg-Mont-Cenis, col du Mont Cenis. Le Parc National de la Vanoise est inclus dans cet ensemble. Son point culminant est la Grande Casse (3855m).

 

Beaufortin et Aravis : il s’agit de la réunion de deux ensembles disjoints : le premier, le « Beaufortin » situé dans le périmètre Bourg-Saint-Maurice, Cormet de Roselend, Albertville, Moûtiers, Bourg-Saint-Maurice ; le second les Aravis situés dans le périmètre Annecy, Ugine, Megève, Cluses, Bonneville, Annecy. Son point culminant est la Pointe de Rognais (2999m).

 

Chablais et Aiguilles Rouges : ensemble situé dans le périmètre Genève, Thonon, Martigny, col de la Forclaz, Chamonix, Cluses, Genève. Cet ensemble empiète sur le territoire suisse. Son point culminant est le Mont Buet (3096m).

 

Mont Blanc : ensemble s’étendant sur trois pays : France, Suisse et Italie. On peut par exemple le définir à l’intérieur du périmètre Chamonix, Saint-Gervais, Megève, Ugine, Albertville, Cormet de Roselend, Bourg-Saint-Maurice, col du Petit Saint-Bernard, Courmayeur, Aoste, col du Grand Saint-Bernard, Martigny, col de la Forclaz, Chamonix. Cet ensemble empiète sur le Val d’Aoste et le Valais. Son point culminant est le Mont Blanc (4810m).

 

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